Il était en fauteuil roulant le matin et sur une civière l'après-midi, mais toujours les yeux fermés et la tête renversée en arrière, avec une couverture d'hôpital bleue lui arrivant jusqu'au menton… A aucun moment au cours des deux audiences de quatre-vingt-dix minutes chacune autorisées par les médecins, Iwan-Nicolaï (dit John) Demjanjuk, l'ancien gardien du camp de Sobibor n'a ouvert les yeux ou la bouche, sauf pour laisser sortir une sorte de râle au moment où son corps était manipulé pour entrer ou sortir de la salle du tribunal. Cet apatride d'origine d'ukrainienne de 89 ans est probablement l'un des derniers grands criminels de guerre nazis à être jugé, et le procès de Munich focalise toute l'attention. Tout lui était traduit en ukrainien, sa langue maternelle, mais qu'a-t-il compris de ce qui se passait autour de lui ? Livide, les lèvres blanches, la bouche ou les mains parfois agitées de spasmes, le visage fermé, Demjanjuk semblait indifférent à ce qui se passait. «L'accusé n'est pas en bonne santé. Il souffre de différents troubles cardiaques, de tension artérielle et de douleurs dans la colonne vertébrale, mais il comprend ce qui se passe autour de lui, même si ses facultés sont ralenties», a estimé le médecin qui l'a ausculté avant l'audience.
Chaotique. C'est dans un tribunal transformé en forteresse et pris d'assaut par la presse internationale qu'a débuté hier vers 11 heures le procès, avec une bonne heure de retard et dans une ambianc