La coïncidence n’en est pas une : alors que le Rwanda a adhéré, dimanche, au Commonwealth, qui regroupe normalement les ex-colonies britanniques, Paris et Kigali ont annoncé le même jour avoir renoué leurs relations diplomatiques. Cette annonce aussi spectaculaire que surprenante met fin à trois ans d’une brouille due à l’enquête du juge Bruguière, qui avait lancé neuf mandats d’arrêts visant des hauts responsables de l’entourage du président Paul Kagame dans le cadre de l’enquête sur l’attentat du 6 avril 1994. Cet assassinat, dans lequel avaient péri le président rwandais de l’époque, Juvénal Habyarimana, son homologue burundais et l’équipage français de l’avion, avait donné le coup d’envoi au génocide de 800 000 Tutsis et opposants hutus.
Plus qu'un retour au statu quo ante, c'est un nouveau départ que souhaitent Paris et Kigali. Car, de 1994 à 2006, les relations entre les deux pays ont été une succession d'incompréhensions, de maladresses et de tensions… Kagame, l'ex-rebelle tutsi anglophone, accuse la France d'avoir été complice des génocidaires et de n'avoir jamais fait son mea culpa. La France officielle, droite et gauche unies, nie tout en bloc. Depuis son arrivée au pouvoir, en juin 2007, Nicolas Sarkozy a reconnu les «fautes» passées, sans aller jusqu'à des excuses. Il s'est aussi attaché à rapprocher le Rwanda et la république démocratique du Congo, voisins et ennemis. Kigali a longtemps accusé Kinshasa d'abriter des génocidaires menaçant sa stabilité ; e