C'est un village d'une centaine d'âmes, à l'entrée de la vallée de Tizin. Les habitants mangent ce qu'ils cultivent. On se demande quoi car, à part quelques chèvres, c'est un champ de cailloux à perte de vue. Une vallée calme où l'armée française vient régulièrement en visite plus qu'en patrouille. L'endroit parfait pour expérimenter les recettes de la Cimic, acronyme de la coopération civilo-militaire ou, en termes plus fleuris, l'effort pour gagner les cœurs afghans. «Je ne suis pas là pour gagner les cœurs mais pour les libérer de l'emprise des talibans», précise le colonel Benoît Durieux, qui commande les 820 hommes du camp de Tora, dans le district de Sarobi. Un FOB -«forward operation base» dans le jargon de l'Isaf, la force de l'Otan en Afghanistan - non loin de la vallée d'Uzbin où dix soldats français avaient péri dans une embuscade en août 2008.
Réseau. La Cimic tient une part grandissante dans la stratégie française, comme a pu le constater sur place le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, le 20 novembre. Le colonel Durieux résume sa philosophie: «Ici, c'est plus une paix armée que la guerre ouverte. On doit montrer notre force tout en en usant le moins possible. Et faire comprendre aux Afghans qu'on n'est pas ici pour rester.» Le bataillon français vient de passer sous commandement américain, mais il revendique une approche plus compréhensive, moins agressive. Problème : dans cette région, les Français dépensent 15