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Libération

En Ukraine, les bandits manchots reprennent la main en ligne

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publié le 4 décembre 2009 à 0h00

De dehors, l'endroit se présente comme un inoffensif club internet, un parmi tant d'autres dans les rues de Kiev, la capitale ukrainienne. A l'intérieur, odeur de tabac froid et moquette sale. Les néons diffusent une lumière glauque, oscillant entre le rouge et le mauve. Un bar occupe le fond de la salle et des ordinateurs en batterie, juchés sur des tables hautes, attendent le chaland. Pas la peine de commander une connexion internet. «On ne fait pas ça ici, répond la guichetière, cachée dans sa cahute en plexiglas. Vous payez au départ et vous jouez autant que vous pouvez.»

Après l’adoption, en juillet, d’une loi bannissant les jeux d’argent, les machines à sous et casinos avaient disparu du pays. C’était sans compter sur l’ingéniosité du secteur, peu disposé à abandonner une activité aussi lucrative. Les bandits manchots ont donc été remplacés par des ordinateurs reliés à des sites de jeux en ligne, pilotés par des opérateurs offshore. Faute de législation adaptée, le gouvernement n’a aucun contrôle sur ceux-ci.

Mais la loi, votée après un incendie mortel dans une salle de jeux de Dniepropetrovsk, était mal préparée. «L'industrie du jeu a toujours eu de très solides lobbyistes au sein du Parlement et du gouvernement, explique Myhaïlo Getmansev, un avocat spécialisé. Pourquoi, après une série de votes favorables au secteur, bannir subitement les jeux d'argent ? C'est un mystère.» «Nous avons tout perdu, se plaint Igor Kolyk, propr