Cachée derrière un paravent blanc, protégée par une haie de policiers, la silhouette de Gasparre Spatuzza n'est apparue au public que quelques secondes, le temps que le repenti de la mafia, au visage soigneusement dissimulé, prenne place devant les juges. Vendredi, pendant plusieurs heures, devant le tribunal de Palerme transféré à Turin pour des raisons de sécurité, l'ancien tueur «accusé de six attentats à la bombe et de quarante homicides» s'est incarné en une voix. Mais une voix qui, aujourd'hui, fait trembler Silvio Berlusconi et Marcello Dell'Utri, son ancien bras droit condamné en première instance à neuf ans de réclusion pour collusion avec la mafia.
Interlocuteur. C'est au cours du procès en appel de ce dernier que Spatuzza a été entendu comme témoin. Devant la cour, le repenti sicilien a répété en public ce qu'il avait déjà dit en secret aux magistrats, à savoir que l'aventure politique de l'actuel chef du gouvernement italien aurait été encouragée et soutenue par Cosa Nostra. Au cours de sa longue déposition, l'ancien homme de main de la mafia a affirmé que Giuseppe Graviano, parrain du quartier palermitain de Brancaccio, lui avait confié à Rome, en janvier 1994, que Berlusconi était devenu un interlocuteur de la Pieuvre : «Graviano m'a donné le nom de Berlusconi et m'a dit que grâce à lui et grâce à notre compatriote sicilien [Marcello Dell'Utri, ndlr], nous avions le pays en main. Il ajouta que nous avions obtenu tout ce que nous vou