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Libération

Le fantôme soviétique des moudjahidin

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publié le 5 décembre 2009 à 0h00

Ce n'est pas sans scepticisme ou pessimisme que les anciens moudjahidin afghans, qui avaient triomphé de l'armée soviétique avant d'être chassés du pouvoir par les talibans, ont accueilli l'annonce de l'arrivée de 30 000 soldats américains supplémentaires dans leur pays. A Dehsabz, un faubourg de Kaboul, Wazir Gul, un ancien combattant pachtoune, se demande en quoi la situation va évoluer.«Il y a aujourd'hui 100 000 soldats étrangers dans le pays. En sept ans, ils n'ont pas réussi à se débarrasser de 25 000 talibans qui sont équipés, au mieux, de mitrailleuses PKM et de lance-roquettes.» Assis à ses côtés devant un poêle à bois, son ancien compagnon d'armes, Mandozaï, acquiesce : « Si les Américains veulent gagner cette guerre, ils doivent discuter avec les talibans. C'est la seule solution.»

Jeudi, le chef de l'Etat, Hamid Karzaï, s'est dit à nouveau prêt à négocier avec le mollah Omar, le chef des talibans, s'il obtient le feu vert de Washington. Mais les insurgés continuent de rejeter toute discussion. «Karzaï s'y prend mal, avance Kader, un ancien commandant du Hezb-e Islami (le parti islamique, ultraradical), il suffirait qu'il offre cinq ou six ministères aux talibans pour les calmer. Mais le blocage vient de proches, comme Fahim, son vice-président, qui refusera toujours de négocier.» Mominyar, un ex-moudjahid tadjik de 48 ans, s'inquiète de l'annonce du retrait progressif des troupes américaines à partir de 2011. «La plupart des