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Libération
Critique

Win Tin, l’indomptable lâché dans la junte

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Libéré en 2008 après dix-neuf ans de prison, l’activiste birman, 80 ans, raconte son combat militant.
publié le 5 décembre 2009 à 0h00

Le désespoir est parfois mobilisateur. Rien ne prédestinait Win Tin à embrasser la vie de dissident avec ses conséquences fâcheuses : dix-neuf ans de prison dans le sinistre centre pénitencier d’Insein au nord de Rangoon. Après des années de torture et d’isolement, l’opposant birman et bras droit d’Aung San Suu Kyi a finalement quitté sa «cage» le 23 septembre 2008, à l’âge de 79 ans. L’indomptable dissident a aussitôt repris son combat politique contre la junte au pouvoir depuis 1962.

Derrière la crinière d'argent et le sage visage souriant, se cache un militant coriace. Illustration de cette ténacité, il refuse de quitter sa cellule le jour de sa libération. La junte veut lui faire signer un texte renonçant à toute activité politique. Pis, il rejette le «pardon» des autorités et exige de garder son «accoutrement bleu clair de bagnard». Le bras de fer durera dix heures. Win Tin aura le dernier mot. Depuis, avec empressement, il témoigne. «Nous serons pacifiques jusqu'au bout mais pas silencieux», écrit-il dans cette autobiographique vivante habitée par la peur de l'oubli. Il sait qu'il encourt «bien évidemment de nouvelles sanctions de la junte. […] Nous sommes habitués à prendre des risques pour les actes les plus anodins de notre quotidien. La peur nous a quittés depuis longtemps».

Portrait d'un moine militant tout entier dévoué à sa «famille professionnelle et politique», cette Vie de dissident est le récit d'une «agonie»