Deux révolutions bouleversent actuellement la scène politique iranienne, longtemps réduite à un théâtre d’ombres. La première, c’est la naissance d’une véritable opposition qui, depuis l’élection frauduleuse de Mahmoud Ahmadinejad, le 12 juin, prend prétexte de chaque commémoration organisée par le régime pour descendre dans la rue. La seconde révolution est plus silencieuse, quasiment invisible : c’est la prise du pouvoir, lente mais inexorable par les Pasdaran (gardiens de la révolution) et les Bassidji (miliciens), les deux principales forces de sécurité du régime.
Jusqu'au 12 juin, la politique se réduisait à de sourdes batailles entre les différentes factions au pouvoir. Aujourd'hui, elle doit prendre en compte une contestation qui, malgré la férocité de la répression, n'entend pas abdiquer ; fait sans précédent depuis la révolution islamique, en 1979, des milliers de jeunes persistent - depuis juin - à défier le régime dans la rue. Mais ce qui est aussi inédit et pas moins important, c'est que la nature du régime elle-même se transforme : les dignitaires religieux chiites sont marginalisés, les factions réformistes exclues du pouvoir au profit des forces de sécurité qui, non content d'étendre leur pouvoir politique, font aussi main basse sur l'économie.«Le pouvoir central est en train de se déplacer au profit des Pasdaran. On peut parler de coup d'Etat informel ou de révolution silencieuse. On est très loin du système mis en place par Khomeiny, qui combinait le pouv