Ce n'est pas parce qu'une guerre est en train d'être perdue qu'elle le sera forcément. «C'est un nouveau Vietnam», disent beaucoup de ceux qui appellent à un retrait immédiat d'Afghanistan. «Jamais aucun empire n'a su s'imposer à ce pays», martèlent tous ceux qui considèrent que les renforts dont Barack Obama a décidé l'envoi n'empêcheront pas la victoire des talibans mais, si convaincants qu'ils puissent paraître, la pertinence de ces rappels historiques n'est pas prouvée.
Au Vietnam, les Etats-Unis faisaient face à la poursuite d’une lutte anticoloniale entamée contre la France. Ils croyaient s’opposer à un expansionnisme soviétique mais faisaient face à une insurrection nationale, fruit d’un mouvement de décolonisation qui l’avait déjà emporté en Afrique, au Maghreb, au Proche-Orient et dans le reste de l’Asie. Ils se heurtaient, qui plus est, à l’armée d’un Etat constitué, le Nord Vietnam, soutenu par l’URSS et la Chine qui voulaient l’une et l’autre faire entrer l’Indochine dans leur sphère d’influence. Rien, en Afghanistan, ne rappelle cette situation.
La Chine ne souhaite évidemment pas la victoire des talibans afghans car elle préluderait à celle des talibans pakistanais et à l’émergence, à ses frontières, d’un ensemble islamiste venant appuyer l’indépendantisme des Ouïghours. La Russie y aspire encore moins car les républiques musulmanes du Caucase russe et plusieurs des anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale pourraient aisément alors basc