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Libération
Interview

«Le rapt de touristes est devenu une manne financière»

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Dominique Thomas, chercheur à l’EHESS et spécialiste de l’islamisme :
publié le 9 décembre 2009 à 0h00

Dominique Thomas est chercheur à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et auteur des Hommes d'Al-Qaeda (Michalon). Il commente les récentes opérations d'Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) dans la zone sahélo-saharienne.

Les kidnappings deviennent-ils le mode opératoire privilégié d’Aqmi ?

Le Sahara est ouvert à tous les trafics, notamment à cause de la faiblesse des Etats qui le contrôlent. C’est la particularité de cette zone grise, assez nébuleuse. Pour Aqmi, les enlèvements ou le trafic d’armes - caractéristique de la région - sont bien sûr une source de financement. Une économie de conflit de basse intensité est en place, et le rapt de touristes est devenu une manne financière pour des petits groupes armés. Des mercenaires ont ainsi pu enlever le Français de Ménaka pour le «revendre» à Al-Qaeda, sur commande ou même de leur propre initiative. Car ces groupes crapuleux ne peuvent pas négocier directement avec les gouvernements. Ils préfèrent empocher une commission en traitant avec des groupes plus organisés, qui feront monter les prix.

Quelle est cette «branche dure» d’Aqmi qui détiendrait Pierre Camatte au Mali ?

Il faut se méfier des labels. Parler de branche dure impliquerait l'existence d'une branche modérée ! Le noyau d'Aqmi, dirigé par Abdelmalek Droukdal, est basé dans l'Est algérien. Du temps du GSPC, son terrain d'action était divisé en zones militaires ou émirats. Mais depuis son allégeance à Al-Qaeda et son changement de nom [en janvier 2007, ndlr], l'organigramme est moins évident. Entre les groupes qui interviennent dans le Sahel et le commandement central, la communicat