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Libération
Reportage

Buenos Aires, une ville en colère

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La capitale argentine vit au rythme des manifestations sociales, alors que la présidente, Cristina Kirchner, doit composer à partir d’aujourd’hui avec un Parlement hostile.
publié le 10 décembre 2009 à 0h00

Roberto s'est campé en plein milieu de la 9 de Julio, l'avenue «la plus large du monde» sur laquelle se dresse fièrement l'obélisque, point de ralliement de toutes les manifestations qui parcourent la capitale argentine. Autour de lui, une centaine de jeunes de Lanùs, un faubourg industriel de Buenos Aires miné par le chômage, bloquent la route et occasionnent un gigantesque embouteillage sur ce véritable poumon de la circulation du centre-ville. Cagoulés et armés de manches de pioche, ils sont arrivés tôt le matin pour réclamer des aides financières à la présidente Cristina Kirchner, et la mise en œuvre des grands travaux publics promis cet été censés donner du travail à plus de 100 000 chômeurs. «Si on n'obtient pas satisfaction, on reviendra et on bloquera tous les accès de la ville. Peut-être moins pacifiquement qu'aujourd'hui, menace Roberto. De toute façon, on n'a rien à perdre !»

A quelques centaines de mètres de là, des employés civils de l'armée de l'air coupent l'accès à la place de Mai et exigent une couverture santé décente. Ils fraternisent bruyamment, avec force explosion de pétards et jets de tracts, avec une poignée d'anciens appelés de la guerre des Malouines (1982) qui réclament pour leur part d'être mis à la retraite et campent depuis plusieurs jours face à la casa rosada, l'Elysée local. Le «service d'ordre» est assuré par quatre motards de la police, plus occupés à briquer leurs montures qu'à canaliser les automobiliste