Depuis les violentes émeutes ethniques survenues le 5 juillet à Urumqi, la capitale de la «région autonome du Xinjiang», les nouvelles filtrent difficilement. Il faut dire que les autorités chinoises ont réalisé l’impensable : couper six mois durant les communications téléphoniques et Internet avec une partie du monde pourtant grande comme trois fois la France. Sans mail ni forum internet, le Xinjiang est pratiquement isolé du monde.
Le black-out cache, selon l’opposante Rebiya Kadeer, une répression terrible (lire ci-contre). Officiellement, 197 personnes ont été tuées dans ces émeutes qui ont commencé par des manifestations de Ouïghours. Ceux-ci réclamaient une enquête sur une rixe ethnique qui s’était soldée par la mort de deux Ouïghours, dix jours plus tôt, dans une usine de jouets du Guangdong. La protestation a vite tourné à l’émeute antichinoise, suivie d’une répression sanglante menée par l’armée chinoise, puis de ratonnades visant des Ouïghours et de milliers d’arrestations. Ce mois-ci, 14 personnes, dont 13 Ouïghours, ont été condamnées à mort pour avoir participé à ces émeutes.
Pour Pékin, le Xinjiang est une «partie inaliénable» du territoire chinois. C'est là, dans le désert du Lop Nor, que la Chine a fait exploser la première bombe atomique en 1964. Les Chinois de souche, qui ne constituaient que 6% des habitants (2% selon Rebiya Kadeer) au moment de sa conquête par les armées communistes de Mao Zedong, en 1949, représent