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Portrait

«Pékin veut briser ma volonté en emprisonnant mes enfants»

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Rencontre avec Rebiya Kadeer, la présidente du Congrès mondial ouïghour. Persécutée par le régime chinois depuis les émeutes de juillet, elle vient à Paris faire entendre la voix de la minorité du Xinjiang.
publié le 11 décembre 2009 à 0h00

«Séparatiste», «extrémiste», «terroriste», trois épithètes qui riment avec Rebiya Kadeer, si l'on en croit le gouvernement chinois, qui n'en finit pas de diaboliser cette grand-mère de 62 ans. «Le label "terroriste" est un outil très utile à la Chine pour persécuter les Ouïghours… Vous savez, le gouvernement chinois considère maintenant la plupart des Ouïghours comme des terroristes», réplique la femme d'affaires et politicienne, tout en caressant la longue natte de cheveux qui descend sur son ventre.

Rebiya Kadeer, présidente du Congrès mondial ouïghour (CMO), est jusqu'à dimanche à Paris, où elle doit être reçue au ministère des Affaires étrangères. Japon, Australie, Suède, Italie, Allemagne, Suisse, Autriche : elle parcourt le monde depuis des mois pour faire entendre la voix de ce peuple turcophone qui vit au Xinjiang. Elle récuse cette appellation officielle chinoise et lui préfère «Turkestan oriental».«Nous voulons l'autodétermination par le dialogue, car si nous demandons l'indépendance, le gouvernement chinois va bien sûr crier au "séparatisme", et l'on ne comptera plus les arrestations et les exécutions en masse. Pékin dit que le Xinjiang fait partie de la Chine depuis l'Antiquité, alors même que Xinjiang signifie "nouveau territoire". Mais c'est un fait qu'historiquement, ni le Turkestan oriental, ni le Tibet, ni même la Mongolie ne font partie de la Chine. Pourtant, afin de rester sur la voie pacifique, nous offrons une solution négoc