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Libération
TRIBUNE

Jouissance de la catastrophe

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publié le 14 décembre 2009 à 0h00

La prolifération actuelle des discours et des images qui mettent en scène le devenir de la planète Terre provoquent une atmosphère de perpétuelle menace. Cette polyvalence des représentations du danger rend la menace elle-même obsessionnelle puisqu’elle peut changer d’objet ou se cristalliser sur plusieurs objets à la fois : augmentation des gaz à effets de serre, circulation du virus H1N1… L’angoisse collective devient alors virale et nous oblige à vivre dans une anticipation de la catastrophe en ne donnant plus qu’un seul sens à la vie quotidienne : gérer au mieux tous les risques objectifs qui concourent à noircir notre avenir. Impossible de rêver le futur, le seul futur est celui de l’expectative d’un désastre.

Mais on ne reconnaîtra jamais que notre imaginaire est de plus en plus habité par ce «désir de catastrophe» qui demeure inavouable. Il y a encore quelques années, l’incertitude que les experts laissaient paraître, permettait à l’opinion publique de manifester son incrédulité à l’égard des mesures envisagées, aujourd’hui, le doute n’est plus permis, il est pris pour une faute, pour un manque de conscience : c’est à l’homme de prendre en charge le sort de la planète sur laquelle il vit. Même si des philosophes affirment que la nature est toujours en avance, nous n’avons plus le droit de croire qu’elle puisse accomplir elle-même son propre destin. Ainsi s’instaure la légitimité d’un nouveau moralisme fondé sur des certitudes scientifiques.

L'acharnement à combattre les