Pour les Albanais du Kosovo, il est l’homme par qui le scandale arrive. Pour les Serbes, il est la preuve qu’enfin leurs accusations vont être prises au sérieux. A 37 ans, Nazim Bllaca était un inconnu jusqu’à la semaine dernière lorsqu’il a avoué avoir participé depuis la fin de la guerre à 17 meurtres, tentatives de meurtres et manœuvres d’intimidation pour le compte de proches du parti au pouvoir. Depuis, sa photo ne quitte plus la une des médias de cet Etat, indépendant depuis 2007.
Exécuteurs. Le scandale rejaillit sur le Premier ministre, Hashim Thaçi, mais l'onde de choc va au-delà, car à l'époque des faits le Kosovo était sous administration directe de l'ONU. Parmi les victimes figurent des témoins dont le silence a permis l'acquittement, faute de preuves, de hauts dirigeants kosovars impliqués par la justice internationale dans des crimes de guerre lors du conflit qui a agité cette ancienne province serbe (1998-1999). Bllaca affirme qu'il a fait partie, jusqu'en 2007, d'un groupe d'exécuteurs appartenant aux services secrets du Kosovo, le Shik. Un organisme né, pendant le conflit, au sein de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), jamais officialisé et dirigé par Azem Syla, un proche de Thaçi. Entré en conflit avec ses chefs pour une histoire d'honoraires impayés, Bllaca a quitté le Kosovo en 2007 pour se réfugier en Croatie. Car ses chefs n'avaient pas l'intention de lui remettre les 220 000 euros qu'il réclamait. «Au lieu de me payer, ils ont es