En 1967, Sir Anthony Rumbold, ambassadeur britannique à Bangkok depuis trois ans, écrit : «Le niveau moyen d'intelligence des Thaïlandais est plutôt bas, largement plus bas que le nôtre et bien plus bas que celui des Chinois.» Il poursuit : «Il faudrait être vraiment insensible ou puritain pour affirmer que les Thaïlandais n'ont rien à offrir. Certes, il est vrai qu'ils n'ont pas de littérature, pas de peinture et seulement un genre très particulier de musique ; que leurs sculptures, leurs céramiques et leurs danses ont été empruntées à d'autres et que leur architecture est monotone et leur décoration intérieure hideuse. Personne ne peut nier que parier et jouer au golf sont les principaux plaisirs des riches et que les plaisirs licencieux sont ceux de tous.» Avant de conclure, malgré tout, qu'«il est bon pour un Européen défraîchi de passer un peu de temps parmi un peuple aussi joyeux, extraverti et anti-intellectuel». Il signe et expédie sa lettre au Foreign Office, et rentre en Angleterre.
Cette missive et quantité d'autres du même tonneau, commises par des diplomates britanniques, sont aujourd'hui sur la place publique grâce à la curiosité obstinée d'un journaliste, Matthew Parris. Chroniqueur et journaliste de renom pour le Times, la télévision et la radio, il vient d'en donner lecture au cours d'un programme en cinq volets, intitulé Parting Shots (qu'on peut traduire par Salves d'Adieu) diffusé le mois dernier sur BBC Four. C