Cela va plus vite encore qu’on pouvait l’espérer. Dès la faillite de Lehman Brothers, l’évidence était qu’il deviendrait plus ardu de continuer à prôner le retrait de l’Etat et l’autorégulation du marché, que l’ère libérale tirait à sa fin car les faits étaient là. La puissance publique sauvait les banques. L’Etat n’était plus le problème mais la solution. Même conduit par des libéraux, il opérait un retour en force dans l’économie et un président français, qui s’était, autrefois, réclamé d’une «rupture» à l’anglo-saxonne, convainquait George Bush d’accepter la constitution d’un directoire économique réunissant vingt des pays les plus riches du monde et ouvrant la voie à de nouvelles réglementations.
Près de quarante ans après son envol dans la Californie des années 70, une idéologie s’épuisait, mais comment imaginer, alors, qu’il ne faudrait que quinze mois pour que le gouvernement travailliste décide de faire acquitter aux banques opérant en Grande-Bretagne une taxe de 50% sur leurs bonus supérieurs à l’équivalent de 27 000 euros ? Dans un pays dont le cœur est devenu la City, troisième place financière du monde que les Britanniques s’enorgueillissent tant d’abriter, la plus libérale des gauches d’Europe a non seulement imposé une volonté politique aux banques, mais surtout brisé l’argument selon lequel la concurrence interdirait à un gouvernement national de prendre une telle mesure avant qu’un consensus international ne l’ait instaurée au niveau mondial.
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