La mort de deux jeunes manifestants kurdes tués par balle hier dans le sud-est de la Turquie témoigne des tensions croissantes après l’interdiction du principal parti kurde, le DTP (Parti pour une société démocratique), décidée par la Cour constitutionnelle.
Qu’indiquent ces violences ?
Les manifestations sont désormais quotidiennes dans de nombreuses villes du pays. De plus en plus souvent les heurts opposent des groupes de nationalistes kurdes à des nationalistes turcs, d'où la crainte croissante d'une ethnicisation du conflit. «Nous, Kurdes et Turcs, devons avoir la volonté de construire la paix», répétait encore lundi Ahmet Türk, le président du DTP conscient des risques d'une telle dérive, lors d'un meeting à Diyarbakir, la capitale du sud-est. L'interdiction nourrit le désespoir et la frustration d'une bonne partie des Kurdes du pays : 15 millions de personnes sur 70 millions d'habitants.
Que va faire le DTP ?
C'est la cinquième fois en un quart de siècle qu'est dissous ce parti, accusé d'être la vitrine de la guérilla du PKK, considérée comme organisation terroriste par Ankara, Washington ou Bruxelles. Une nouvelle formation, le Parti de la paix et de la démocratie (BDP), a déjà pris la succession et les élus du DTP y confluent, exceptés les 37 cadres, dont Ahmet Türk, bannis de la vie politique pour cinq ans. Les 19 députés de l'ex-DTP ont décidé de quitter le Parlement, mais il leur faut l'accord de la majorité de l'Assemblée. Ils sont d'autant plus déterminés que l'Union européenne a protesté contre l'interd