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grand angle

Les colosses de Dakar

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Une statue de 50 mètres de haut, édifiée dans la capitale par le vieux président sénégalais Abdoulaye Wade, n’en finit pas de faire scandale aux plans esthétique, politique et financier.
publié le 17 décembre 2009 à 0h00

D’un bras, un géant africain de cinquante mètres tient un bambin qui pointe l’horizon du doigt. De l’autre, il entoure la taille d’une femme toute en rondeurs et court vêtue, cheveux aux vents, face à l’Atlantique. Achevé fin novembre, ce monument de la Renaissance africaine ne se visite pas encore, mais saute aux yeux des visiteurs, dès leur arrivée à l’aéroport de Dakar. Bâti comme la statue de la Liberté sur une structure en acier, cet édifice, creux à l’intérieur, comprend plusieurs salles sur quatre étages et un ascenseur qui mène au bonnet du personnage masculin. Incrustée de baies vitrées, cette tête africaine offre une vue panoramique sur la péninsule du Cap-Vert. Situé à la pointe la plus occidentale de l’Afrique, le bronze est planté sur l’une des «Mamelles», les deux seules collines de la capitale sénégalaise.

Sarkozy sur la tour Eiffel

Ce grand projet d'Abdoulaye Wade, le président libéral du Sénégal, âgé de 82 ans, défraie la chronique depuis plusieurs mois. Le monument est contesté pour son style, son coût, son mode de financement et ce qu'il représente du point de vue politique. «Folie des grandeurs», «vanité», «mégalomanie»… Les critiques ne manquent pas, sur les blogs et dans la presse sénégalaise. Interrogé par Libération, Abdoulaye Wade les balaie du revers de la main. «Je comprends, dit-il. Quand le président Mitterrand a fait sa Grande Bibliothèque, il y a aussi eu beaucoup de polémiques

L’inauguration devait avoir lieu le 12 décembre, en présen