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Libération

Un chanteur oustachi entache la réputation de la Croatie

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publié le 21 décembre 2009 à 0h00

Fin septembre, la Suisse a refusé de délivrer un visa au très controversé chanteur croate Marko Perkovic Thompson, dont un concert était prévu le 3 octobre. Ce chanteur étant déjà interdit de concert en Autriche et aux Pays-Bas, on aurait pu penser que la Croatie ne protesterait pas. Car le pays a d'autres préoccupations, notamment sa candidatureà l'Union européenne. Mais non, le ministère croate des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur de Suisse à Zagreb pour lui remettre une note de protestation. «Une telle mesure, à l'égard d'une personne jamais condamnée par un tribunal est trop rigoureuse», a fait valoir le porte-parole du ministère. Ce mouvement d'humeur a failli coûter son poste au ministre, qui s'est fait rappeler à l'ordre tant par la Première ministre Jadranka Kosor que par le président Stipe Mesic, un homme qui se bat depuis des années contre la réhabilitation du fascisme.

Marko Perkovic Thomson n'a, certes, jamais été condamné par la justice de son pays. Mais les chants de cet ex-combattant de la guerre d'indépendance (1991-1995) sont des appels à la haine et sont perçus comme tels par ses fans. «A cause d'Annie et d'une bouteille de vin, je brûlerai toute la Krajina jusqu'à Knin, je brûlerai deux ou trois états-majors serbes, pour ne pas être venu en vain», dit une de ses chansons. D'autres textes célèbrent les crimes des oustachis, les collaborateurs croates de l'Allemagne nazie. «A Capljina, c'était la boucherie.