Menu
Libération
Interview

«Les partis refusent tout débat sur la suprématie du pouvoir civil»

Article réservé aux abonnés
Pushpa Kamal Dahal, chef de l’ex-guérilla maoïste et ancien Premier ministre, est à l’origine de la grève :
publié le 22 décembre 2009 à 0h00

Pushpa Kamal Dahal, alias Prachanda (Le Féroce), ancien instituteur et chef historique de l'ex-guérilla maoïste, a vécu dix ans dans la clandestinité. Il a été élu Premier ministre en août 2008, avant de démissionner le 4 mai. Aujourd'hui âgé de 55 ans, il est l'instigateur de la grève générale lancée dimanche.

Nombre de vos électeurs sont déçus que vous ayez quitté le gouvernement après seulement huit mois. Regrettez-vous votre décision ?

La plupart des Népalais n’ont en effet pas compris ma décision, tout comme la communauté internationale. Mais c’était nécessaire, car à l’époque il y avait une situation intenable de double pouvoir, avec, d’un côté, un président fidèle à l’armée et, de l’autre, un gouvernement élu par le peuple. Cela représentait un risque grave de conflit. Nous ne pouvions pas accepter que les militaires ne soient pas soumis aux ordres du gouvernement, comme le prévoit la Constitution intérimaire.

Depuis, vous avez totalement paralysé la scène politique. Comment pensez-vous pouvoir sortir de l’impasse ?

C’est très simple : il suffit que les partis de la coalition gouvernementale acceptent que l’on débatte de la question de la suprématie du pouvoir civil au Parlement. Si notre position est majoritaire, alors nous demanderons à diriger un nouveau gouvernement d’union nationale. Mais pour l’instant, les autres partis soi-disant démocratiques refusent tout débat sur cette question cruciale, car ils représentent toujours les intérêts féodaux et autocratiques de l’ancien royaume.

La crise, qui a mené à votre démission, était liée à la question de l’intégration de votre Armée de libération populaire (ALP) à l’armée régulière. Pensez-vous réellement qu’une telle fusion est possible ?

C’est la clé de l’accord de paix signé en 2005. L’esprit consistait à dire que la vieille armée du pays devait être démocratisée, car elle a toujours été entraînée pour être loyale à la monarchie autocrat