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Interview

«Mon nom et mon film sont désormais interdits en Iran»

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Le cinéaste Bahman Ghobadi, le 7 mai 2009 à Téhéran (AFP Behrouz Mehri)
publié le 23 décembre 2009 à 0h00

A la question «Pourquoi filmez-vous ?» posée par Telerama.fr pendant le dernier Festival de Cannes, Bahman Ghobadi répondait : «Pour faire le vide spirituellement… Pour pleurer. Quand on ne me laisse pas faire de cinéma librement, comme c'est le cas maintenant, je maudis mon sort.» Né en 1969 au Kurdistan, il a reçu la caméra d'or en 2000 pour son premier film, le marquant Un temps pour l'ivresse des chevaux. Rencontre à Paris avec le citoyen d'un pays sous pression.

On découvre dans votre film un aspect assez peu connu de l’Iran : la richesse de sa scène musicale underground. Est-ce propre à Téhéran ?

Non, il y a des groupes dans tout le pays, à Tabriz, Ispahan, Mesched [l'une des deux grandes villes religieuses iraniennes, ndlr]… J'estime qu'il y a un bon millier de groupes musicaux dans le pays. On ne les connaît pas, bien sûr, parce que 95% de la pratique artistique en Iran se fait de façon clandestine. Au départ, je n'avais pas l'intention de faire un film sur les groupes iraniens, j'ignorais largement leur existence. Ce sont eux qui se sont imposés à moi. Ce sont eux qui m'ont donné l'idée de le faire et m'ont insufflé leur énergie et toute celle que l'on trouve dans le film. Je n'ai donc été que le pont qui a permis à leur musique de sortir d'Iran. Je peux même dire qu'ils ont ouvert une nouvelle fenêtre en moi, suscité un nouveau style et m'ont donné du courage et de l'espoir.

Comment avez-vous procédé pour aller à leur rencontre ?

J'ai rencontré un groupe qui m'en a fait connaître un autre et ainsi de suite. Certains ont accepté d'apparaître dans le film, d'autres pas. Je venais d'abord les rencontrer pour leur montrer le