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Libération
Reportage

La meilleure gorgée de bière

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C’est un vrai chemin de croix pour qui veut la goûter. La Westvleteren, sacrée numéro un par les spécialistes, au grand dam des 22 trappistes qui la produisent, ne se vend qu’avec parcimonie. Une récompense dont se serait bien passée l’abbaye belge.
publié le 26 décembre 2009 à 0h00

C’est du grand marketing, celui du silence. Aucune publicité, aucune communication, aucune commercialisation. Juste un chuchotis de bouche à oreille, comme un bruissement léger de feuilles sur un sentier d’automne, à peine un murmure de confession. Et à voir les voitures qui se pressent, du lundi au jeudi inclus, devant l’abbaye cistercienne de Saint-Sixte à Westvleteren, dans cette plaine rase de la Belgique flamande, morose, de boue et de vent, franchement sinistre les jours de pluie, c’est aussi une belle gifle donnée aux disciples du buzz à tout prix.

Si l'on vient, parfois de loin, se glisser dans la file des véhicules qui attendent ici, c'est pour une seule raison : acheter la bière que fabriquent les moines. Les bières plutôt, car on en compte de trois sortes, toutes de haute fermentation : une blonde et deux brunes. L'une d'elle, en particulier, qui est un haut sommet dans un pays qui n'en compte aucun : la Trappiste Westvleteren 12. Le Guide des bières ne s'y est pas trompé : la perfection étant de l'ordre du divin, il lui a donné la note la plus approchante, 19/20.

«300 appels, sans résultat»

Des bières trappistes, la Belgique en a pourtant à revendre. On connaît la Chimay à étiquette bleue, blanche ou rouge ou l’Orval ou les Rochefort 6, 8 ou 12 que l’on trouve dans les bons supermarchés. Seules six abbayes belges et hollandaises ont autorité dans la fabrication de ces élixirs. La différence pour les bières de Saint-Sixte, c’est que les moines, s’ils consentent à les vendre, s