C’est du grand marketing, celui du silence. Aucune publicité, aucune communication, aucune commercialisation. Juste un chuchotis de bouche à oreille, comme un bruissement léger de feuilles sur un sentier d’automne, à peine un murmure de confession. Et à voir les voitures qui se pressent, du lundi au jeudi inclus, devant l’abbaye cistercienne de Saint-Sixte à Westvleteren, dans cette plaine rase de la Belgique flamande, morose, de boue et de vent, franchement sinistre les jours de pluie, c’est aussi une belle gifle donnée aux disciples du buzz à tout prix.
Si l'on vient, parfois de loin, se glisser dans la file des véhicules qui attendent ici, c'est pour une seule raison : acheter la bière que fabriquent les moines. Les bières plutôt, car on en compte de trois sortes, toutes de haute fermentation : une blonde et deux brunes. L'une d'elle, en particulier, qui est un haut sommet dans un pays qui n'en compte aucun : la Trappiste Westvleteren 12. Le Guide des bières ne s'y est pas trompé : la perfection étant de l'ordre du divin, il lui a donné la note la plus approchante, 19/20.
«300 appels, sans résultat»
Des bières trappistes, la Belgique en a pourtant à revendre. On connaît la Chimay à étiquette bleue, blanche ou rouge ou l’Orval ou les Rochefort 6, 8 ou 12 que l’on trouve dans les bons supermarchés. Seules six abbayes belges et hollandaises ont autorité dans la fabrication de ces élixirs. La différence pour les bières de Saint-Sixte, c’est que les moines, s’ils consentent à les vendre, s