Al'extrême est de la bande de Gaza, il y avait un hameau, Ezbet Abed Rabbo. Trop près d'Israël, c'est l'un des endroits qui a le plus souffert de la guerre de l'année dernière. Majid Abdallah al-Athamna était un homme riche : il avait six maisons, où logeaient ses frères et ses enfants, ainsi que trois taxis Mercedes break. Tout a été détruit. Tout. Il loge aujourd'hui avec une trentaine de membres de sa famille dans une sorte de camp de fortune, mélange de préfabriqués, de grandes tentes, de tôle et de moellons. Juste derrière, les dalles de béton effondrées témoignent de sa vie passée. Les ruines sont encore minées, d'après lui, et il a interdit aux enfants de jouer dedans. L'un de ses fils a été arrêté par l'armée et est désormais emprisonné en Israël. Les autres sont à Gaza, dans une vie clochardisée. Le Hamas a donné 10 000 dollars (près de 7 000 euros) à Majdi al-Athamna à titre d'indemnité pour ses deux logements et 200 dollars par taxi détruit. L'Autorité palestinienne a promis 5 000 dollars supplémentaires. «Cet argent rembourse à peine mes meubles. Je n'ai pas les moyens de louer quelque chose : combien de temps je peux tenir avec ça ? Qu'est-ce que je réponds à mon plus jeune fils qui a besoin d'une paire de chaussures ? sanglote l'homme. Tout le monde est venu nous voir, le Hamas, l'ONU, les ONG, mais rien n'a changé.»
L'Unrwa, l'agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens, lui a fourni une tente et des matelas ; le Hamas, qui avai