Menu
Libération
Interview

«Tous les Russes donnent des pots-de-vin»

Article réservé aux abonnés
publié le 29 décembre 2009 à 0h00

Andreï Konstantinov est rédacteur en chef de l’Agence d’investigations journalistiques à Saint-Pétersbourg.

La fabrication de preuves est-elle une chose courante dans la justice russe ?

Il s’agit d’un des problèmes les plus importants et d’une des premières cibles pour une hypothétique lutte contre la corruption. Ce genre de cas se passe trop souvent, qu’il s’agisse de gens qui sont condamnés pour des crimes qu’ils n’ont pas commis, ou que l’on se base uniquement sur la parole des enquêteurs pour rendre un jugement. Je ne dispose pas de statistiques, et il est impossible d’en établir, car il s’agit d’affaires dont personne n’entend parler. Souvent, les victimes ne portent pas plainte, car elles savent que c’est sans espoir. Or si on ne peut pas avoir une évaluation concrète du problème et de son échelle, il est difficile de lutter contre.

Est-ce qu’une réforme est malgré tout possible ?

Il n'y a jamais rien d'impossible. Regardez l'Italie : il y a vingt-cinq, trente ans, il y avait des problèmes sérieux dans son système judiciaire et policier. Puis il y a eu l'opération «Mains propres». Qu'ont fait les Italiens ? D'abord, et c'est le plus important, ils ont essayé de faire le diagnostic le plus précis possible de la maladie du système. Puis ils se sont lancés dans une campagne massive de préparation de la population aux réformes qui étaient nécessaires. Il n'y a pas eu seulement des arrestations et une lutte contre la corruption, mais aussi des séries télévisées, des films, notamment la Pieuvre, qui montraient une autre image de la police et de la mafia.

Mais la population russe réclame cette réforme de la justice…

Pas tout à fait. La société aime bien p