A Tinzaouaten, un oued asséché sépare le Tinza algérien du Tinza malien. Entassés dans des abris de fortune ou des maisons effondrées, des centaines d'être humains tentent de survivre à la chaleur, la soif, et pis, aux violences des trafiquants en tout genre qui peuplent le désert. Ils essaient de demeurer humains après avoir vécu l'épreuve de l'humiliation, des brutalités policières des vols et des viols - de la déshumanisation subie depuis le lieu de leur arrestation jusqu'à cet endroit, qu'ils surnomment «l'antichambre du diable». Leur tort ? Avoir tenté la migration vers l'Europe et avoir été refoulés depuis le sol européen, ou depuis l'Algérie, le Maroc ou la Libye.
Chaque semaine, des véhicules algériens déversent leur cargaison humaine comme on déverse des déchets encombrants dans le jardin du voisin: il faut bien vider les camps de rétention surpeuplés par les vagues successives de refoulements. Répartis par nationalité, des Camerounais, Libériens, Nigériens et Nigérians, Sénégalais, Ivoiriens ou Maliens subissent la loi des caïds et attendent, sous le regard des militaires. Que dire du sort des femmes… et des quelques enfants qui s'y trouvent ! Pour atteindre Kidal puis Gao au Mali, à 700 km de là, il faut avoir la chance d'être inscrit sur la liste du convoi hebdomadaire qu'organisent depuis peu les Croix rouges malienne et internationale. Devinons ce qu'il a fallu faire pour pouvoir être «sélectionné»!
A Gao, au bord du magnifique fleuve Niger, une