Menu
Libération
Critique

Journal intime à l’encre de Chine

Article réservé aux abonnés
Aventures et tribulations quotidiennes d’un expatrié français dans l’empire.
publié le 2 janvier 2010 à 0h00

«Si le départ est une fuite, et je reprends à dessein le mauvais prétexte de ceux qui ne voyagent jamais, il est une fuite manquée, une cavale, une évasion perdue d'avance. Il est un accident dangereux mais attendu, un péril que l'on court, un gouffre profond dans lequel on se laisse tomber et au fond duquel on retrouve le pire du pire mais surtout le pire de soi ; tout cela même qu'on croyait avoir refusé d'embarquer en soute…» En mars 2005, voilà un an que Vincent Hein vit à Pékin, et quelques semaines qu'il tient son journal. Enchanté un jour, désespéré le lendemain, souvent pris de vertige au milieu de l'empire chinois…

Crapaud. Employé d'une entreprise française, sans billet de retour définitif en France, il scrute avec une égale curiosité ses compatriotes retranchés dans les résidences pour expatriés et ses nouveaux amis chinois. Il a dégusté du requin, de la tortue, du singe, du serpent, du rat de bambou, du crapaud… Il a suffoqué dans l'«air épais, irrespirable, brun noir» de la métropole embouteillée. Il a suivi dans une ruelle une émouvante «petite grand-mère fripée comme une patate douce».

«Wang-wang». Il a découvert dans sa boîte aux lettres une carte de vœux du nouvel an chinois : «Que les puces d'un millier de chiens galeux infestent les fesses de celui qui te gâcherait une seule seconde de ton année 2005 et que les bras de cet abruti deviennent trop courts pour qu'il puisse se les gratter.» Il