Menu
Libération
Interview

Jean-Pierre Filiu : «Le réseau est en crise, il fait de la mise en scène»

Article réservé aux abonnés
Jean-Pierre Filiu, universitaire spécialiste de l’islamisme :
publié le 4 janvier 2010 à 0h00

Universitaire et historien, Jean-Pierre Filiu est spécialiste de l'islamisme. Il a récemment publié les Neuf Vies d'Al-Qaeda (Fayard).

Est-ce un retour d’Al-Qaeda sur le devant la scène ?

Je reste convaincu que l’ensemble du réseau est en bout de cycle, en crise, et que ses dirigeants peinent à retrouver une dynamique. C’est pourquoi le «centre» invite les différentes branches à passer au terrorisme sous tous les prétextes possibles. C’est le sens des appels lancés par Ben Laden et son bras droit, Ayman al-Zawahiri, pendant un an. Les différentes branches ont été gagnées par cette fièvre car toutes sont plus ou moins dans l’impasse.

Toutes, vraiment ?

Si vous prenez l’organisation Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), cela fait trois ans qu’elle a été adoubée comme branche d’Al-Qaeda sans que cette décision ait été suivie de frappes en Europe. Parce que ses dirigeants ne trouvent pas de gens pour les faire. Ils essayent de compenser en faisant du nomadisme jihadiste au Sahel. Mais même là, ils sont relativement en perte de vitesse. En 2003, ils avaient 32 otages occidentaux, contre 6 aujourd’hui.

Pourtant, Al-Qaeda fait actuellement beaucoup parler d’elle…

Ses dirigeants font de la mise en scène. Ils surinvestissent dans l’Internet, exagèrent leur présence et leur impact réel. Ce qu’on voit depuis Noël, c’est que, sans réussir d’attentat, ils parviennent à susciter la même tempête médiatique et les mêmes angoisses sécuri