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Libération
Décryptage

Le pouvoir sud-africain menace de s’arroger les mines

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publié le 4 janvier 2010 à 0h00

La nationalisation des mines fait débat en Afrique du Sud, au grand dam du patronat et de l'opposition. La nationalisation permettrait à la majorité noire, au pouvoir, de prendre enfin possession des plus grandes richesses du pays. Or, platine, diamants, uranium, cuivre et nickel sont exploités depuis plus d'un siècle par des sociétés aussi blanches que privées. Ces groupes ont déjà accepté, en 2002, une charte de black economic empowerment (montée en puissance économique des Noirs), qui aura fait passer, en dix ans, une première tranche de 26% des intérêts miniers à des mains noires.

Depuis, des magnats miniers directement issus des élites du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) ont accumulé de jolies fortunes. En novembre, le syndicat des métallos d'Afrique du Sud (Numsa) a notamment appelé à la nationalisation des avoirs de Patrice Motsepe, patron d'African Rainbow Minerals, devenu le plus riche milliardaire du pays - sans activités caritatives connues. Ce PDG, qui est aussi le beau-frère de Jeff Radebe, l'actuel ministre de la Justice, se déclarait le 9 décembre favorable à la nationalisation des mines, «si c'est ce qu'il y a de mieux pour l'Afrique du Sud».

La manne minière, 50% des recettes du pays à l'exportation, pourrait aider l'ANC à «corriger les inégalités héritées du passé», comme ses dirigeants le répètent à l'envi depuis quinze ans. Faute de toute vision en matière de politique sociale, le débat sur les mines reste à fo