Farida Zouari raconte qu’elle est tunisienne. La jeune femme, qui vit au Caire, est en fait algérienne. Mais plus d’un mois et demi après les violences qui ont émaillé les matchs de qualification au Mondial 2010 opposant l’Egypte à l’Algérie, la colère et le délire nationalistes ne sont pas retombés. Et Farida préfère jouer la sécurité : des compatriotes expulsés par le propriétaire de leur appartement, elle en connaît. D’autres, victimes de menaces, ont préféré partir. Et une trentaine d’entreprises algériennes, attendues début décembre au forum économique Med-Allia, ont préféré annuler leur voyage.
Une nuit entière, le très huppé quartier de Zamalek, où se dresse l’ambassade algérienne, s’est transformé en champ de bataille, vitrines et pare-brise pulvérisés, gaz lacrymogènes et forces anti-émeutes pour contenir des centaines d’Egyptiens furieux de la défaite de leur équipe. Dans les rues du Caire, jamais les drapeaux n’ont été aussi nombreux : sur les balcons, les panneaux publicitaires, etc. Dans la presse, pas un jour ne passe sans allusion à «l’offense» algérienne. Le retour de l’ambassadeur égyptien en Algérie, rappelé au Caire, reste conditionné à des excuses officielles.
A l’issue du match houleux du 12 novembre, les rumeurs les plus folles ont circulé, alimentant les violences. De part et d’autre, on jure avoir vu des supporteurs tués par les fans adverses. Au Caire, les Algériens disent que des femmes algériennes sont violées dans le hall des hôtels. Lors du match d