Moscou sommeille, emmitouflée dans une pelisse étincelante de neige fraîche. Nulle trace des centaines de kilomètres de bouchons qui congestionnent habituellement la capitale ; les cafés et les restaurants sont vides ; le brouhaha urbain s’est tu. Une atmosphère de sports d’hiver règne dans les parcs et les forêts, sur les étangs gelés et les pentes enneigées, où les citadins viennent prendre une bouffée d’air glacial et revigorant, entre deux gueuletons. C’est l’occasion de retrouver proches et amis autour d’interminables tablées, de s’en mettre plein la panse et le gosier.
Le 31 décembre à minuit, après avoir écouté religieusement le discours du président et les douze coups de l’horloge du Kremlin, les Russes se mettent à table… pour dix jours. Traditionnellement, le banquet dure du nouvel an à l’ancien nouvel an (le 13 janvier, selon le calendrier julien). Et, depuis 2004, les dix premiers jours de janvier sont officiellement et obligatoirement fériés pour tout le monde - banques, usines, écoles et universités, commerces et services, journaux et administrations. Tous les rideaux sont tirés, c’est l’hibernation institutionnalisée.
Pendant cette période, les Russes consommeraient 68 millions de litres d’alcool. C’est-à-dire un demi-litre par tête de pipe, en comptant les abstinents, les ulcéreux et les enfants. Si on fait la fête, autant faire les choses en grand, dit d’ailleurs la sagesse populaire.
Une majorité de Russes considère ces vacances comme nécessaires et amplement