A son arrivée, hier matin à Kigali pour sa première visite depuis la restauration des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda, le 29 novembre, Bernard Kouchner a été accueilli à l’aéroport par Rose Kabuye, la chef du protocole présidentiel. Le patron de la diplomatie française n’aura pas manqué de décrypter le message. Rose Kabuye, l’une des collaboratrices les plus proches du président Paul Kagame, est aussi l’une des neuf hauts responsables rwandais mis en examen et visés par un mandat d’arrêt du juge Bruguière, en novembre 2006. C’est cette ordonnance qui avait entraîné la rupture immédiate des relations diplomatiques entre Paris et Kigali.
Partialité. Or, Rose Kabuye est la seule des neuf personnes visées par Bruguière à avoir été arrêtée - en Allemagne en novembre 2008 -, transférée en France, formellement mise en examen, entendue par le juge et remise en liberté provisoire. Paradoxalement, cette arrestation, choisie et même provoquée, a permis à Kigali d'avoir accès au dossier d'instruction et de préparer une contre-attaque. La publication du rapport de la commission Mutsinzi (lire ci-contre), remis hier à la justice française, fait partie de cette stratégie.
En trois ans, le climat entre Paris et Kigali a changé, les hommes aussi. Jean-Louis Bruguière, qui a échoué à se faire élire député UMP en 2007, a quitté la magistrature. L’instruction a été reprise par le juge antiterroriste Marc Trévidic, qui n’est pas accusé de partialité par les au