Dans son livre sur le déclenchement du génocide rwandais, Rwanda. Trois jours qui ont fait basculer l'histoire, l'universitaire belge Filip Reyntjens avait dénombré pas moins de huit hypothèses sur les auteurs de l'attentat du 6 avril 1994, qui avait coûté la vie au président Juvénal Habyarimana et entraîné le déclenchement des violences qui ont conduit au massacre de quelque 800 000 Tutsis et Hutus démocrates.
En fait, deux grandes thèses s'affrontent. L'une, incarnée par l'enquête du juge d'instruction français Jean-Louis Bruguière, saisi dans le cadre d'une information judiciaire ouverte à Paris en 1998 à la suite des plaintes des familles de l'équipage français qui pilotait le Falcon 50 du président rwandais : elle impute l'attentat au Front patriotique rwandais (FPR), la rébellion tutsie rwandaise dirigée à l'époque par Paul Kagame, actuel chef de l'Etat du pays. L'autre thèse, diamétralement opposée, est celle défendue par la commission rwandaise dirigée par Jean Mutsinzi, ancien président de la Cour suprême du Rwanda, dont le rapport, que s'est procuré Libération, doit être rendu public dans les tout prochains jours : selon ce document, étayé entre autres par une étude balistique, les auteurs de l'attentat sont un clan extrémiste hutu refusant le partage du pouvoir que venait d'entériner le président (hutu) Habyarimana avec le FPR et l'opposition hutue, à Arusha, en Tanzanie.
Quelle est la thèse du rapport Mutsinzi ?
La commis