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Libération
Reportage

Dubaï précaire

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Dans les boutiques de luxe, c’est le désert. Le souverain Cheikh Mo a-t-il perçu la crise ? Il rêvait de gigantisme pour son petit émirat. A l’image de la plus haute tour du monde dans laquelle «Libé» est monté.
publié le 9 janvier 2010 à 0h00

Bon anniversaire, cher Mohammed. C'était, lundi, le quatrième anniversaire du début de ton règne. Tu me permets de t'appeler ainsi Mohammed ben Rachid ben Saïd al-Maktoum ? Après tout, les Anglais, que tu vénères tant, ne se gênaient pas pour te surnommer Cheikh Mo, du temps où il était cool de s'afficher comme ton copain, de venir à tes fêtes et de boire dans tes verres. Mais ils ne viennent plus. Pfuit, fini les stars, les paillettes, les Rolex. C'est la crise et il ne faut pas faire injure à l'époque. Tu es un homme ruiné et personne n'aime les losers, toi non plus d'ailleurs. Lundi soir, c'était anniversaire mais en ce moment, ça a plutôt l'air d'être ta fête. «Bye bye Dubaï», «L'émirat ensablé», «Le cheikh sans provision» : la presse, ingrate, vendait en tissant ta légende herculéenne, et maintenant elle vend en racontant ta chute d'Icare.

De l’or, des tissus, du bois

A 62 ans, heureusement qu’il reste quelques amis pour penser à toi. Ton fidèle Mohammed al-Abbar a organisé une petite fête. Pas grand-chose, une sauterie avec les intimes. Et sur le gâteau, il y avait une seule bougie. Mais quelle bougie ! 828 mètres, la tour la plus élevée du monde. Burj Dubaï, rebaptisée Burj Khalifa à la dernière minute, du nom de l’émir d’Abou Dhabi : même ta tour, ton phare, ton jouet, tu as dû y renoncer au profit du président des Emirats arabes unis, qui t’a sauvé de la faillite en décembre. Jusqu’à présent, le bâtisseur, le fondateur, le visionnaire, c’était ton père Rachid