Face à six géants du capitalisme mondial (Ford, IBM, Fujitsu, General Motors, Daimler et Rheinmetall AG), l'association sud-africaine de défense des «survivants» de l'apartheid, Khulumani, ne baisse pas les bras. Fort de 54 000 adhérents, ce collectif se bat depuis 2002 pour que «les sociétés ayant aidé, financé ou profité du système raciste reconnaissent leurs crimes». Initialement, 23 multinationales étaient poursuivies, parmi lesquelles le français Total, mais la cour de New York, où doit débuter le procès aujourd'hui, n'a retenu que celles qui ont eu un rapport direct avec les violations des droits de l'homme.
Armes. IBM se voit notamment reprocher d'avoir mis au point un logiciel pour classer les Sud-Africains en fonction de leur race. Rheinmetall AG, une entreprise de défense allemande, est accusée d'avoir exporté des armes et aidé le gouvernement à développer son propre système de défense. Quant aux entreprises étrangères ayant profité d'une main-d'œuvre noire taillable et corvéable à merci, en se maintenant dans le pays malgré les sanctions internationales, elles ne seront pas inquiétées.
«Les multinationales disent qu'elles n'ont tué personne, affirme Marjorie Jobson, la présidente de l'association Khulumani. Mais elles ont aidé un système destiné à tuer !» Elle ne cache pas ses craintes : «Ils sont très puissants. Mais maintenant, on a le soutien du gouvernement sud-africain. C'est une grande avancée.» En 2002, un