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Interview

«Les Haïtiens recommençaient tout juste à souffler»

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Christian Lionet a longtemps couvert l'Amérique latine pour Libération. Spécialiste de Haïti, où il a vécu, il explique à Libération.fr que la population de l'île se remettait tout juste de graves inondations.
publié le 13 janvier 2010 à 12h58
(mis à jour le 13 janvier 2010 à 15h04)

Est-il exact de dire que ce séisme était attendu?

Depuis une vingtaine d'années, les sismologues annonçaient un séisme majeur à cet endroit précis d'Haïti pour le siècle à venir. C'est le même type d'avertissement que pour Kyoto, San Francisco ou même Nice. L'île avait déjà connu des séismes, dont un majeur au Cap-Haïtien (au nord) au XIXe siècle. Donc oui, géologiquement c'était prévu, mais les autorités haïtiennes n'en ont pas tiré de conséquences pratiques. Port-au-Prince, c'est un port bordé de collines. Sur les hauteurs se trouve Pétionville, qui devient la capitale économique. Entre les deux, il y a une route, qui suit très exactement la ligne de faille. Or depuis 20-30 ans, cette zone a connu une urbanisation colossale et anarchique, des villas bourgeoises aux bidonvilles les plus infâmes. Là, on peut dire que les autorités ont laissé faire, sans se préoccuper de sensibiliser au risque sismique.

Le sort s'acharne contre Haïti?

Il n'y a pas de malédiction haïtienne, ce type de catastrophe touche toute l'Amérique centrale. N'oublions pas que Cuba, la Colombie ont aussi connu des secousses terribles. Et qu'Haïti est sur la route des cyclones au même titre que d'autres îles des Caraïbes. Mais outre cette dimension physique, il y a une dimension humaine. Haïti est fragile, surpeuplée (9 millions d'habitants dont près de 4 millions à Port-au-Prince), elle reçoit les coups de plein fouet. Un exemple: en 1994, le cyclone Gordon a fait