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grand angle

Ukraine-Russie, frontière floue

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Le temps d’un trajet en bus, les habitants de deux villes voisines racontent leur identité commune, loin des tensions entre Moscou et Kiev.
publié le 13 janvier 2010 à 0h00

Derrière la grille, la plaine s'étend, immense et immaculée. Les passagers de la marchroutka de la ligne Belgorod-Kharkov, une camionnette aménagée en minibus, font la queue devant la cahute des gardes-frontière ukrainiens. Côté russe, il n'a pas fallu attendre longtemps : du 1er au 13 janvier, c'est la période creuse du début d'année.

«Ça s'est réchauffé, non ?» tente Larissa Léonova, à l'abri dans son large manteau et sa toque de fourrure. Tous les habitants de cette zone frontière, habitués aux allers-retours entre les deux pays, vous le diront : à Kharkov l'ukrainienne, il fait toujours un ou deux degrés de plus qu'à Belgorod la russe, même s'il n'y a que 80 kilomètres de distance. Une chose est sûre : à cause du décalage horaire, il est une heure de moins en Ukraine qu'en Russie. Il y a vingt ans, personne ne se serait arrêté à cet endroit pour admirer le paysage enneigé. La frontière entre les républiques soviétiques de Russie et d'Ukraine n'existait que sur le papier. Et à l'époque tsariste, il n'y avait pas de frontière du tout : juste deux provinces de l'empire, souvent remodelées au gré des réformes administratives. Pour Belgorod, une ville de province tranquille entièrement reconstruite après la Seconde Guerre mondiale, il n'y avait pas d'autre horizon que Kharkov, deuxième ville d'Ukraine, l'un des centres industriels et universitaires de l'URSS, avec 1,5 million d'habitants.

Longtemps, on n'a pas fait non plus la différence entre Russe