Des bribes racontant le chaos. Des témoignages bruts, rapportés, ou directs, qui parviennent au compte-gouttes. De Port-au-Prince ou de villes voisines. Les télécommunications filaires ou portables ont été coupées. Il reste Internet. Des mails. Des webcams. Relayant des appels au secours. Racontant des paysages de détresse. Comme, ici, à Jacmel. «Hôpital Saint-Michel détruit. Manoir Alexandra partiellement détruit. Bas de la ville, etc.» Les réseaux sociaux captent aussi des SOS. Comme Facebook, lieu de convergence de proches, de la diaspora en quête d'indice de vie. Ou de survie. Earthquake Haiti dénombre plus de 35 000 membres. On y appelle à l'aide. On donne des numéros de téléphone de proches qu'on cherche désespérément à joindre. «Mon père est impossible à joindre. S'il vous plaît, aidez-moi.» On sert de relais de SOS captés avant que le réseau téléphone ne s'effondre, avec des adresses. «Jean-Olivier est enseveli sous sa maison, au 8, rue Mont-Joli. Vivant, mais en mauvais état. Partez l'aider…»
Les ONG, qui portent déjà le pays à bout de bras, sont elles aussi frappées. «On n'a pu joindre nos équipes que par bribes», note Pierre Salignon, directeur général de Médecins du monde. Les humanitaires survivants sont submergés par l'afflux de blessés dans des hôpitaux frappés par le séisme. «Je suis au milieu de la dévastation, dit ce diplomate de l'ONU. C'est épouvantable.» «J'ai vu des fractures ouvertes, des blessures à la t