J'étais à Pétionville [dans la banlieue de Port-au-Pince, ndlr] dans le bureau de ma collègue, seule depuis quelques minutes car tout le monde venait de partir, et j'ai décidé de rester et de travailler encore une trentaine de minutes. Et là, un bruit assourdissant, comme si un semi-remorque entrait dans la maison ou qu'un avion allait décoller. Je me lève, et je vois que le sol bouge, comme secoué par un marteau-piqueur géant ; que le toit est secoué si violemment que je pense à un cyclone. C'est quand les premiers morceaux de béton ont commencé à tomber du plafond que j'ai compris qu'il s'agissait d'un tremblement de terre et que j'ai couru vers la porte.
«Arrivée dans la cour, je vois que tous les murs de soutènement du parking sont effondrés, ainsi que deux châteaux d’eau en béton, et là, une immense clameur s’élève des quartiers en contrebas, et je pense avec horreur que des milliers de gens sont en train d’être ensevelis. D’autres gens hébétés se joignent à moi, on crie qu’il ne faut pas rester à l’intérieur, et puis rapidement, une secousse secondaire importante. On cherche où on serait le plus en sécurité dans la cour boisée, on essaye de s’éloigner le plus possible des bâtiments, on reste ensemble, on se couche par terre, et d’autres secousses suivent. En contrebas, les cris continuent à monter, ainsi qu’un nuage de poussière, on ne parle plus, étouffés par l’angoisse de ce qui va suivre.
«Les collègues qui avaient quitté le bureau trente minutes avant revien