A2 h 35, les sirènes se sont mises à hurler sur Bagdad et, dans les minutes qui suivaient, l’électricité s’éteignait. Un peu moins de dix-neuf heures après l’expiration de l’ultimatum fixé par le Conseil de sécurité des Nations unies, soit vers 3 heures du matin en heure locale, Bagdad allait connaître ses premiers bombardements d’une guerre que, faute de pouvoir conjurer, on s’efforçait jusqu’à l’ultime minute de ne pas croire possible. C’est seulement à l’aube, à l’écoute des radios étrangères, qu’on aura appris à Bagdad l’ampleur de la première phase de l’opération «Tempête du désert». Impossible de dire combien des 400 raids aériens annoncés par le Pentagone et les 18 000 tonnes d’explosif déversées dans les trois premières heures étaient destinés à la seule capitale irakienne. Tôt le matin jeudi, on pouvait seulement constater que le bâtiment qui, sur la rive du Tigre, abrite les Télécommunications, avait été sévèrement touché par au moins trois bombes dont les impacts étaient visibles au sommet de l’immeuble. Dès avant 4 heures du matin, toutes les communications par téléphone et télex étaient interrompues. Dans les premières minutes de l’attaque une ou plusieurs bombes se sont abattues sur le ministère de l’Industrie, pouvait-on constater depuis l’hôtel Rashid, proche du ministère et qui abrite la quasi-totalité des journalistes étrangers présents à Bagdad.
Lors de la deuxième vague de bombardements qui a commencé vers 8 heures, le ministère de la Défense semble avoir