Trois jours après le séisme qui a ravagé Port-au-Prince et ses environs, la population sortait peu à peu vendredi de l'état de choc dans lequel l'a plongée la terrible secousse (7 sur l'échelle de Richter) et la trentaine de répliques qui ont suivi. La colère et le désespoir commençaient ainsi à se faire sentir face à la lenteur de la distribution de l'aide d'urgence arrivée du monde entier. Nelson Jobim, ministre de la Défense brésilien, dont le pays dirige la Mission de l'Onu pour la stabilisation en Haïti (Minustah), a mis en garde contre les risques de troubles : «Tant que les gens auront faim et soif, on court le risque d'avoir des émeutes. Nous sommes inquiets pour la sécurité.»
Mais les difficultés logistiques que doivent surmonter les sauveteurs sur le terrain sont considérables. L’aéroport, équipé d’une seule piste par ailleurs endommagée, est engorgé par les rotations incessantes des avions transportant aide humanitaire et équipes de secours, les réseaux de communications et l’électricité ne sont pas encore totalement rétablis et les déplacements sont extrêmement aléatoires sur des routes dégradées ou bloquées par des amoncellements de gravats. Tout cela dans un pays - le plus pauvre des Amériques - qui souffre déjà d’un grave déficit d’infrastructures, d’une violence endémique, et où les autorités locales, dépassées par l’ampleur de la désolation, se révèlent incapables de reprendre l’initiative.
Dans les rues de Port-au-Prince, les sinistrés ont vécu une n