Jusque dans la mort, les Haïtiens sont inégaux. Zéphyrin Ardouin, le commandant des sapeurs-pompiers de Cap-Haïtien, est arrivé à Port-au-Prince après sept heures de route pour seulement 250 km, et s'est mis immédiatement au travail avec ses hommes. Il était 23 heures jeudi. Dans la nuit, à la lueur de projecteurs de fortune, ils ont extirpé des gravats, saines et sauves, trois étudiantes de l'université de Port-au-Prince, l'un des plus importants instituts supérieurs privés de la capitale. Plusieurs centaines de jeunes gens seraient encore ensevelies sous les décombres de ce bâtiment de cinq étages dont il ne reste qu'un mikado de béton et de ferraille. Le site empeste l'odeur douceâtre et écœurante de la mort. «On se concentre sur les vivants, les morts, on verra plus tard, explique le grand gaillard. On manque de matériel de base. On se débrouille avec les scies que nous apportent les habitants du quartier, mais elles cassent les unes après les autres.» Trois autres étudiants vivants, peut-être cinq, ont été localisés. Mais le temps presse. Vendredi, à 5 heures du matin, une forte réplique, qui a réveillé tous les habitants de la capitale, a fait craindre le pire. Mais finalement le site n'a pas bougé.
«les équipes repartent». Jusqu'à l'arrivée de Zéphyrin Ardouin et ses hommes, ce sont les voisins et les proches des victimes qui se sont débrouillés pour tenter de sauver des vies. «Ils ont commencé à creuser avec des pelles et des pio