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Benoit XVI tancé à la synagogue de Rome

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shoah . Recevant le pape hier, les autorités juives italiennes ont dénoncé l’attitude de Pie XII.
par Eric Jozsef, Rome, de notre correspondant
publié le 18 janvier 2010 à 0h00

Un mois après avoir avancé d'un cran la béatification du très controversé pape Pie XII en proclamant ses «vertus héroïques», la visite de Benoit XVI à la synagogue de Rome s'annonçait délicate. De fait, bien qu'accueilli avec tous les honneurs et de respectueux applaudissements, Joseph Ratzinger n'a pas échappé à une sorte de rappel à l'ordre.

Assis sur la bimah (l'estrade) du majestueux temple hébraïque, il a écouté, avec une certaine surprise, le discours du président de la communauté juive de Rome, Riccardo Pacifici. Avant de saluer tous les membres de la communauté qui ont boycotté la cérémonie, celui-ci a souligné que «le poids de l'Histoire se fait aussi sentir sur l'événement d'aujourd'hui avec des blessures encore ouvertes que nous ne pouvons ignorer». Petit-fils du grand rabbin de Gênes tué à Auschwitz et fils d'un rescapé caché dans un couvent à Florence, Riccardo Pacifici a rappelé que «de nombreux religieux ont œuvré, au risque de leur vie, pour sauver de la mort certaine, des milliers de Juifs sans rien demander en retour». Mais d'ajouter solennel : «C'est pour cela que le silence de Pie XII face à la Shoah est encore douloureux et apparaît comme une occasion manquée. Peut-être n'aurait-il pas arrêté les trains de la mort, mais il aurait adressé un signal, une parole d'ultime réconfort et de solidarité humaine pour nos frères emmenés vers les fours d'Auschwitz.» Sans prononcer le nom de Pie XII, le grand rabbin de Rome