La construction parasismique est-elle une assurance tout risque ? Non, répondent les spécialistes. Après une forte secousse, les bâtiments seront probablement à reconstruire entièrement. Mais si les bonnes règles ont été appliquées, les humains, eux, ont des chances de s’en sortir. Les experts comparent le principe à celui de la voiture moderne : dans un choc, elle se plie en accordéon, mais l’habitacle est préservé. L’édifice bien conçu va lui aussi se tordre mais ses murs et ses dalles ne vont pas s’écrouler. Il sera irrécupérable, il faudra le démolir, mais les habitants seront sauvés.
Patrick Paultre, directeur du Centre de recherche en génie parasismique de l'université de Sherbrooke, à Montréal (Canada), résume la logique à appliquer : «Protéger les gens quitte à sacrifier le bâtiment.» Ménad Chenaf, chef de la division ingénierie de la sécurité au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), dit lui aussi qu'il faut «garder la structure intacte mais avoir de la ductilité [souplesse, ndlr]». Tel le roseau de la fable, la construction «doit pouvoir se déformer sans se rompre», ajoute l'expert. Patrick Paultre est haïtien d'origine. Il a vécu dans l'île jusqu'en 1974. Il sait comment on y construit le plus souvent : «La technique simple consiste à remplir les murs de blocs de béton, à faire des dalles en béton… et tout cela n'est pas très bon.» Il veut toutefois préciser que «les gens construisent correctement pour des charg