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Libération
Reportage

L’Ukraine à l’heure de la désillusion

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A Dniepropetrovsk, la population est gagnée par la résignation, entre crise économique et corruption généralisée. Cinq ans après la Révolution orange, les leaders politiques ont perdu leur aura.
publié le 18 janvier 2010 à 0h00

Krasni Kamin, la pierre rouge, est une banlieue dortoir de Dniepropetrovsk, construite à l'époque soviétique autour de l'une des innombrables usines de la ville. «Moi, je me considère comme une privilégiée, affirme Natacha, employée de bureau. Mon mari est officier de marine pour des Allemands, donc il reçoit son salaire de l'étranger. On est propriétaires d'un appartement de quatre pièces, ça va. Mais autour de nous, il y a eu beaucoup de dégâts.» Dniepropetrovsk, malgré la prospérité trompeuse de son centre-ville colonisé par les centres commerciaux, n'a pas échappé aux secousses de la crise mondiale, qui a placé l'Ukraine au bord de la banqueroute. «Ici, on n'aime pas dire que notre niveau de vie diminue, qu'on doit faire des économies, et qu'on est obligés d'aller vendre des légumes sur le marché pour vivre, poursuit Natacha. Mais même si Dniepropetrovsk est une ville de plus d'1,5 million d'habitants, tout se sait. Et quand l'une de nos principales usines de métallurgie licencie 80% de son personnel ouvrier, comment imaginer que ces gens-là vont pouvoir retrouver du travail ensuite ?» Sa mère Elena se plaint, elle, de sa retraite misérable, «qui permet tout juste de payer les charges, rien d'autre». Après avoir travaillé quarante-deux ans, Elena touche 600 grivnias par mois, soit 50 euros.

Rancœurs. A Dniepropetrovsk, cinq ans après la Révolution orange, dont elle fut l'une des figures de proue, la Première mi