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Libération
Interview

«La mauvaise gestion a préparé le terrain à ce que nous vivons»

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Michelle Pierre-Louis, ex-Première ministre, revient sur la faillite de l’Etat :
publié le 19 janvier 2010 à 0h00

Michèle Pierre-Louis a été Première ministre d'Haïti entre septembre 2008 et novembre 2009. Issue de la société civile, cette femme de 62 ans est très respectée, dans son pays comme à l'étranger, pour son intégrité et pour son travail social au sein de Fokal, l'ONG de développement qu'elle a longtemps dirigée. Proche du philanthrope américain George Soros, elle analyse, dans une interview à Libération, le Figaro et l'Express, les implications et conséquences du séisme pour l'Etat et la société haïtiens.

Dans cette crise, le pouvoir se montre-t-il à la hauteur ?

Tout est effondré et le siège des structures du pouvoir n'existe plus. Mais on peut créer un gouvernement n'importe où. On m'a dit que le gouvernement s'est réuni au siège de la Direction centrale de la police judiciaire. Au cours de cette réunion le Président a demandé : «Qu'est-ce qu'on fait maintenant?» Ses conseillers lui ont répondu : «Mais c'est vous qui devez décider!» Je ne veux pas qu'on pense que je suis aigrie, mais il est évident qu'il y a une absence de leadership. Les gens sont encore sous le choc, mais les foules sont furieuses. Le peuple commence à avoir faim, la colère va monter.

Avec un Etat aussi faible et failli, n’était-ce pas prévisible ?

La faiblesse de l’Etat précède ce malheur. La mauvaise gestion depuis cinquante ans a préparé le terrain à ce que nous vivons. La crise de la paysannerie a poussé vers Port-au-Prince toute une population qui a squ