Certaines portions de la Grand-Rue de Léogâne aurait pu servir de décor à un remake haïtien d'Autant en emporte le vent. Maisons coloniales en bois, balcons et balustrades, toits décorés, église multicolore. Tout a été emporté et sur plusieurs centaines de mètres, il ne reste plus que quatre édifices debout, surtout les maisons en bois traditionnelles. «Ici, ce qu'on redoute, ce sont les cyclones, explique Maxime Dumont. Alors, dès que les gens ont un peu de sous, ils ajoutent du ciment et du béton. C'est ce qui leur a été mortel.» A 49 ans, le petit homme au phrasé méticuleux était venu se réinstaller en novembre dans sa ville natale, après vingt-deux ans passés en France dans le spectacle de marionnettes. Il vit avec ses deux parents miraculeusement sortis vivants du séisme. «La nuit, nous dormons dans une voiture garée dans la rue. La maison est trop branlante. Mais mon père, qui a 87 ans et plus toute sa tête, remonte régulièrement dans sa chambre. Il n'a toujours pas compris ce qui s'est passé.»
Léogâne, qui compte 134 000 habitants avec ses environs, se trouve à une trentaine de kilomètres à l'ouest du centre de Port-au-Prince. Mais en Haïti, il vaut mieux compter en temps de transport. Une heure seulement car la route est bonne. Le séisme a tracé quelques fissures dans le bitume. Plus encore que la capitale, Jacmel et Léogâne ont été détruites à plus de 80%. Il est difficile de trouver un bâtiment encore viable en ville. Ce relatif é