Comme on le comprend, ce cri du cœur. Comme on le comprend, cet universitaire haïtien qui s'écriait, lundi, dans les colonnes de Libé : «Qu'on nous mette sous tutelle, n'importe qui, mais vite.» On le comprend car, lorsqu'on n'a plus rien, que tout est à reconstruire dans son pays et qu'il n'y a plus d'Etat pour le faire, plus même ce semblant d'Etat qu'a balayé le séisme, mieux vaut encore une tutelle étrangère que le vide, de riches suzerains qu'une totale anarchie, porteuse de plus de misère et de drames encore.
Venu de la première République noire que le monde ait connu, de cette nation si fière d’être devenue, en 1804, le premier Etat indépendant des Amériques après les Etats-Unis, ce cri était terrible à entendre, mais comment nier la réalité ? Complet abandon de souveraineté, dès vendredi, au soulagement général, parce que c’était l’urgence, le président haïtien a cédé les commandes de l’aéroport de Port-au-Prince aux Américains. L’argent des secours vient de l’Union européenne et des Etats-Unis. Leur coordination se cherche quelque part entre Washington, Bruxelles et l’ONU. Il faut des soldats américains et des gendarmes européens pour assurer la sécurité des survivants et de leurs sauveteurs.
Haïti est, déjà, sous tutelle car dégager les routes et maintenir l’ordre, c’est prendre la police en mains et la suite est écrite. Sauf si ce pays était abandonné à son sort après l’émotion des premières semaines, sauf une telle honte, la tutelle étrangère s’ac