La pelouse de la présidence haïtienne transformée en terrain d'atterrissage pour les hélicoptères de l'US Navy. L'image ne peut manquer de frapper dans un pays occupé de 1915 à 1934 par son puissant voisin et où le président Aristide a été ramené dans les bagages de 25 000 GI en 1994 avant d'être poussé dehors par Washington en 2006. Le contentieux est lourd entre le premier pays à avoir mis en échec l'esclavage et celui qui a attendu soixante ans pour le reconnaître. Mais l'ambiance est, pour le moment, très accueillante tant la population se sent abandonnée. Des badauds applaudissent, une femme agite une bannière étoilée. Néanmoins, le journaliste Paul Ayak met en garde : «Nos ancêtres Toussaint Louverture, Dessaline, Pétion n'ont pas voulu ça. S'ils viennent nous aider, c'est bien. Mais il ne faut pas qu'ils restent.» Tout est relatif : rester, pour lui, c'est «plus de trois ans». 3 500 hommes sont attendus et Washington a offert de monter jusqu'à 11 000. Devant l'hôpital, des marines empêchent quiconque d'entrer, hormis les malades et les médecins. «On nous a demandé de sécuriser l'hôpital car il y avait du désordre», explique le sergent Lennon.
Des ONG, dont Médecins sans frontières, déplorent ce mélange des genres militaro-humanitaire. Mais les Haïtiens qui piétinent devant les grilles se réjouissent : «Il ne faut pas seulement qu'ils prennent en charge la sécurité mais aussi l'aide, proclame Menyo. Sinon, on ne verra jamais la co