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Libération
Reportage

En Haïti, l’urgence des orphelins

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L’envoyé spécial de «Libération» s’est rendu dans un foyer touché par le séisme. 53 enfants n’ont pas survécu.
publié le 22 janvier 2010 à 0h00

Depuis que son orphelinat s'est écroulé, Eveline Midy n'a qu'une peur : les appels depuis la France. «Le téléphone ne passe pas, mais à force d'insister, il arrive qu'une famille parvienne à me joindre pour savoir comment se porte l'enfant qu'ils ont entrepris d'adopter. Je ne peux pas leur annoncer qu'il est mort, je n'ai pas assez de courage. Je l'ai fait une fois et n'ai pas cessé de pleurer.» Sur les 136 enfants du foyer Notre-Dame de la Nativité, dans le quartier de Fontamara, 53 sont morts dans le tremblement de terre du 12 janvier à Port-au-Prince. L'orphelinat - ou «crèche», comme l'appellent les Haïtiens - est dirigé par cette dame de 61 ans, énergique et douce, en robe à fleurs et aux cheveux gris retenus par un stylo-bille.

Berceaux.Elle a noté tous les noms des enfants décédés dans un petit cahier à spirale dont elle caresse les pages en les tournant. Elle les connaît tous et peut les présenter un par un, les 136, les vivants et les morts. «Celui-ci avait 2 ans et il venait seulement de se mettre à marcher. On était tous tellement contents parce qu'il avait du retard.» Un autre, de 5 ans, était sur le point de rejoindre sa famille d'accueil en France. L'âge des enfants va de quelques mois à 6 ans, en général. La plupart ont l'un, voire leurs deux parents biologiques en vie, mais ont été abandonnés.

Les plus jeunes ont été les plus touchés par le séisme car ils se trouvaient dans leurs berceaux, au dernier étage, à côté du